Pôles, le magazine par Grand Nord Grand Large

Portrait d’une guide photographe de nature

Hugo Blondel
Portrait d’une guide photographe de nature

Guide, Sabrina Logeais mène les voyageurs de Grand Nord Grand Large à travers les paysages finlandais. Photographe, elle s’attache à capturer sur son appareil la faune et le sauvage. Portrait d’une passionnée.

À Lentiira, au cœur de la taïga finlandaise, la nature est reine. Avec 2 habitants au kilomètre carré, ce village de la région de Kuhmo est un bastion où la vie sauvage règne encore en maître. Où les animaux possèdent toujours le droit de décider d'être vus ou non. C'est ce qui a séduit Sabrina Logeais, une guide venue s'y installer en 2011, entre lacs et forêts : "Quand on sort, chaque jour est différent. On ne sait pas ce qu'on va trouver. C'est tout l'intérêt, on espère pouvoir observer les animaux et les photographier."

Arrivée en Finlande en 1998 dans le cadre d'un programme européen comme volontaire dans un centre de classes vertes pour les jeunes, cette passionnée de photographie n'est jamais repartie. "J'ai trouvé un travail pour l'observation des ours l'été", explique-t-elle, "et l'hiver je partais en Laponie pour la saison."

Pygargue à queue blanche ©Sabrina Logeais

Passion d'adolescence

Son premier souvenir de photographie remonte à l'enfance. Un Kodak argentique en format 135. Un Nikon aussi, celui du travail de son père, ingénieur agronome parti en tournage pour un film sur l'agriculture. Son premier cliché d'un animal ? Un héron. "J'avais 15 ou 16 ans, je m'en rappelle très bien", raconte Sabrina, "parce que c'est aussi à cet âge-là que j'ai commencé l'ornithologie. Les animaux m'ont toujours intéressée." Pour son BAC, elle reçoit un Minolta, un appareil reflex.

Sa technique se perfectionne alors petit à petit : "Je crois que c'est le fait de vouloir conserver un souvenir des animaux que j'ai pu observer qui m'a donné envie de continuer", décrypte-t-elle.

Loup caché dans la forêt finlandaise ©Sabrina Logeais

Les rencontres sont nombreuses en Finlande : cervidés (élan, rennes sauvages), ours, loups, gloutons, et de nombreux oiseaux (chouettes, hiboux, pygargue à queue blanche...) peuplent la zone. Le programme d'une journée dépend beaucoup du type d'observation effectuée et des différents animaux.

"Quand on ne cherche pas, on rencontre"

"Pour les prédateurs, l'ours par exemple, on ne peut pas les rencontrer en marchant sur les chemins, contrairement à l'Amérique du Nord. Ici on attire l'ours avec des appâts pour les observer. C'est plus statique", explique Sabrina, "c'est l'inverse du zoo, là c'est nous qui sommes enfermés dans une cabane !" La patience est de mise. Les animaux sont libres et les appâts peuvent ne pas fonctionner. Pour chercher les animaux, la voiture est aussi utilisée comme dans les safaris africains, en particulier pour les cervidés.

Observation d'un glouton en hiver ©Sabrina Logeais

La photographe insiste aussi sur l'importance de l'équipement. Appareil photo, eau, téléphone et jumelles sont indispensables mais les vêtements aussi : "Si on a froid, on est moins patient."

Sabrina reste fascinée par la recherche et l'incertitude, mais surtout par l'instant de la rencontre. Ses meilleurs instants "se sont toujours passés sans l'appareil photo".

Notamment un souvenir particulier en 2010 avec un groupe de touristes hollandais, lors d'une marche à la frontière russe, dans une zone vallonnée. Elle raconte : "Sur une des courbes, je vois quelque chose de roux et marron. Je m'imagine alors que c'est un tronc posé là par les gardes-frontières pour s'assoir." Tout d'un coup la forme se met à bouger et à déployer quatre pattes. "C'était un loup assis qui nous regardait. Il est parti au bout de quelques instants. Une vraie surprise. Quand on ne cherche pas, on rencontre", conclut-elle encore habitée par l'émotion.

Paysage lacustre finlandais ©Sabrina Logeais

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