Six bonnes raisons de partir au Groenland
Fjords, montagnes hérissées, glaciers, icebergs démesurés, crevasses géantes, banquise à perte de vue, le Groenland est un terrain d’exploration infini, si cher aux Inuit.
1. Se coucher aux aurores
Dès la fin de l'été, le ciel du Groenland se transforme en écran géant sur lequel la physique projette un film féérique : les aurores boréales embrasant la nuit polaire de leurs lueurs ondoyantes. Depuis le pont d'un bateau d'expédition ou lors d'un bivouac sur la banquise arctique, loin de toute pollution lumineuse, on est aux premières loges pour admirer ce ballet céleste et y déceler les sujets les plus fantaisistes, loin de toute explication rationnelle. Qu'en pensent les autochtones, d'ailleurs ? Les Inuits nomment ce phénomène luisant aqsarniit et y voient les âmes des morts jouer à la balle avec des crânes de morses. Si, avec cette légende macabre, vous arrivez à trouver le sommeil...
2. Changer de point de vue
Le kayak ? Une invention inuite ! Il y a environ trois mille ans, les pêcheurs et chasseurs arctiques mettent au point ce canot extrêmement léger et docile. Aujourd'hui, on manie la pagaie à deux pales pour observer le monde polaire au plus près. Entendre le souffle d'un rorqual ou d'une baleine à bosse, croiser le regard d'un phoque barbu se prélassant sur sa banquise ou mesurer la monumentalité des glaciers : autant d'expériences rendues possibles grâce à ce mode de transport typique. En silence, bercé par le clapotis de l'eau et par la lenteur de la progression, on louvoie entre les icebergs à la dérive, loin de l'agitation du monde. Inspirer, pagayer, inspirer, pagayer...
3. Briser la glace
Au Groenland, la glace est impératrice : l'intérieur des terres est entièrement occupé par l'inlandsis, la calotte polaire, qui mesure jusqu'à 3 000 mètres d'épaisseur. Au plus profond des fjords, le courant charrie des milliers d'icebergs, pouvant mesurer jusqu'à 40 mètres de hauteur et 150 de longueur. En bateau, on contemple de près ces colosses de givre dérivant lentement. L'été, on marche sur la nappe de glace ou dans les vallées gelées. L'hiver, équipé de skis ou de raquettes, on glisse sur un manteau de neige. Le jour, on compte les multiples nuances de blanc. La nuit, on écoute le craquement des icebergs et le fracas des glaciers qui se brisent... Ambiance polaire garantie !
4. Glisser vers le Grand Nord
Skis aux pieds, pulkas chargées et nez protégé, on se lance sur la banquise enneigée, on apprend à lire la topographie de la glace et on savoure le fait d'évoluer sur un terrain extraordinaire. Le soir, on y monte le camp avant de s'endormir puis de reprendre la progression le lendemain. Autre option : dans un traîneau tiré par une douzaine de chiens groenlandais, on s'élance sur les vastes étendues de neige immaculée, guidé par un chasseur-pêcheur inuit. Le silence est ouaté, seulement rompu par le jappement des chiens et le crissement des patins. Peut-être finirez-vous alors par faire vôtres les mots de l'explorateur Knud Rasmussen : « Donnez-moi l'hiver et des chiens, vous pouvez garder le reste. »
5. Découvrir la gastronomie
Au Groenland, un nouvel horizon culinaire s'ouvre à vous. Au petit-déjeuner, on se pince les narines et on teste le hareng. À midi, on dévore un burger de bœuf musqué. Pour rire, on suçote un morceau d'iceberg. Au dîner, on déguste un ragoût de renne, un peu plus nourrissant. Dans les villages inuits, on est invité à partager un kaffemik, une collation arrosée de café, prétexte à mener des discussions passionnées et passionnantes avec les populations locales. En ville, on sirote – avec modération – des bières locales parfumées aux plantes et aux baies ou bien le fameux express groenlandais (café, whisky, liqueur de café, Grand Marnier et crème chantilly), en écoutant du rock natif. Si, si, ça existe.
6. Réapprendre les couleurs
Le nom Groenland est tiré du vieux norrois Grœnland composé de grœnn (« vert ») et de land (« terre »). C'est un Viking roux, surnommé Erik le Rouge, qui baptise ainsi cette île à l'extrême fin du premier millénaire pour promouvoir sa colonisation. Banni d'Islande pour meurtre, il explore les contrées arctiques le temps de son exil avant d'y installer 450 hommes, femmes et enfants. Pourtant, ce sont plutôt les nombreuses teintes de blanc bleuté que l'on répertorie sur l'île de glace. L'été, un vert étincelant envahit certaines plaines littorales. Au début de l'automne, la nuit noire se zèbre de jaune, de vert et de rose, au gré des aurores boréales. Un vrai kaléidoscope si près du pôle Nord.