Zoom sur l’histoire de la raquette
Utilisée pour le loisir en montagne ou pour des expéditions dans les terres polaires, la raquette est un élément incontournable de l’hiver. Venue d’Asie, elle a essaimé partout dans le monde. Retour sur son histoire.
L'hiver s'installe doucement. En montagne, la neige est bien là. Il est temps de chausser les raquettes ou les skis de randonnée ; pourquoi ne pas prendre celui de retracer l'histoire de ces matériels d'exploration des terres polaires ?
Le XIXe siècle est une période faste pour l'exploration polaire. Au début de ce siècle, les drapeaux flottant aux pôles Nord et Sud ne sont pas encore plantés. Il faut attendre le début du siècle suivant. À partir de 1800, les expéditions se succèdent, plus lointaines, plus préparées. Elles utilisent du matériel de plus en plus sophistiqué et mélangent des techniques venues de Scandinavie dont les méthodes sont copiées sur celles déjà connues des communautés autochtones de l'Arctique.
Un objet de chasseurs
Le Norvégien Fridtjof Wedel-Jarlsberg Nansen (1861-1930) fait partie de ces explorateurs que rien ne semble arrêter. Loin d'imaginer qu'un jour il recevra le prix Nobel de la paix en 1922, il se lance en 1888 pour une traversée de la calotte du Groenland d'est en ouest. Il se base sur les deux expéditions qui font référence à cette époque : celle d'Adolf Erik Nordenskjöld en 1883 et celle de Robert Peary en 1886, du côté de la baie de Disko.
Nansen maîtrise le patin à glace et le ski, dont il est d'ailleurs champion universitaire. Il se lance dans ce projet depuis la côte est, en utilisant la progression à ski (télémark) et une équipe réduite de 6 personnes au total avec chacun un traîneau de portage : pulk en norvégien, couramment appelé aujourd'hui pulka, de son nom suédois. Son équipement comporte aussi des raquettes. Avec celles-ci, Nansen utilisait déjà des bâtons, longs, avec un crochet en guise de piolet au sommet.
L'origine de la raquette est encore incertaine à ce jour. Elle est peut-être issue de tribus de chasseurs d'Asie centrale il y a 6 000 ou 4 000 ans.
En migrant par le nord-est, ces chasseurs abandonnèrent peu à peu l'utilisation de la raquette au profit de ce qui deviendra le ski nordique en Scandinavie. Une autre migration emprunta le futur détroit de Béring. L'objet a été abondamment utilisé sous différentes formes et tailles, selon les diverses communautés. On peut notamment évoquer le modèle du peule Cri (peuple algonquien d'Amérique du Nord) qui utilisait des raquettes d'1,50 mètres de longueur, relevées à l'avant.
Choisir sa paire
Aujourd'hui, les raquettes permettent d'explorer des environnements très variés : de la taïga finlandaise entre forêts et lacs jusqu'aux plateaux norvégiens de Lillehammer, entièrement recouverts par la poudreuse. Se sentir l'âme des explorateurs est aussi possible au Spitzberg, avec des voyages aux portes du pôle.
Pour ces expéditions en terres polaires ou des randonnées en zones enneigées, les magasins de sport proposent un large choix de modèles. La raquette est même devenue la deuxième activité de loisir hivernal après le ski. Il existe trois familles de raquette : les raquettes de course (petites et légères), de loisir (plus larges) ou d'alpinisme (encore plus larges). On les utilise avec des bâtons de ski.
Choisir une paire de raquette n'est pas aussi simple qu'il n'y parait ! Il faut d'abord déterminer son type de pratique et connaître son poids pour déterminer son modèle. Pour débuter, mieux vaut éviter les modèles complexes avec plusieurs pièces mécaniques au niveau de la fixation et des crampons. En cas de casse, il faut être capable de réparer, parfois au beau milieu de la randonnée.
Astuce incontournable : prendre ses chaussures de randonnée et les essayer dans le magasin afin de s'assurer de la compatibilité et de vérifier la facilité du réglage.
Ne reste alors qu'à les utiliser à volonté en observant quelques astuces dont une primordiale en groupe : essayer de marcher en file indienne. Cela facilitera la marche pour ceux qui sont dans la trace et permet de respecter le milieu où l'on évolue, et son esthétisme. Sinon les randonneurs risquent de couper la pointe des jeunes pousses, invisibles sous la neige au dehors de la trace. En raquettes, comme pour toutes les activités montagne, il faut garder à l'esprit que ce n'est pas le sommet qui compte mais la manière d'y arriver. Bonne balade !
